Le volcan Batur
Bien que je me sentais prête pour ce voyage, ayant déjà participé à plusieurs randonnées estivales, dont l'ascension du Mont Mansfield aux États-Unis, je pensais que cette fois-ci serait différente. J'étais dépourvue de toute crainte et baignais dans une confiance inébranlable. Cependant, cette assurance s'est révélée erronée lorsque, à la veille de gravir le volcan Batur, la diarrhée du voyageur s'est invitée sans prévenir. Malgré un dénivelé de 750 mètres qui semblait initialement raisonnable, la déshydratation, la fatigue, le manque d'appétit et le réveil en pleine nuit pour l'ascension ont eu un impact significatif sur ma condition physique et mentale.
Nous formions un groupe de 15 personnes, accompagné par 4 guides locaux pour assurer notre sécurité. Dès que j'ai sorti mes bâtons et pris ma première gorgée d’eau, j'ai immédiatement compris que l'ascension serait difficile, voire insurmontable. Au début, je parvenais à suivre le groupe, mais progressivement, ils ont commencé à s'éloigner de plus en plus, et je n'arrivais plus à maintenir le rythme. L'une des guides, une femme (ce qui était déjà assez particulier), s'est arrêtée volontairement pour rester avec moi. Elle m'a demandé de ranger l'un de mes bâtons dans mon sac afin de pouvoir me prendre la main.
Au début, j'ai ressenti de la honte. Mon ego a pris le dessus, me faisant sentir faible et vulnérable, voire même comme une perdante. La guide s'est adaptée à mon rythme, n'accordant que des pauses minimales, juste assez pour boire une gorgée d'eau et ralentir un peu le rythme cardiaque. Elle voulait que je maintienne un rythme cardiaque constant pour ne pas perdre la cadence. Cela a été une montée très éprouvante, et à plusieurs reprises, j'ai eu envie d'abandonner. Cependant, le simple fait d'avoir sa main bienveillante entrelacée avec la mienne m'a empêché de le faire. Je me suis sentie obligée de lui faire honneur.
Elle a tenu ma main tout au long de l'ascension. Même aujourd'hui, je me demande si c'était un geste de bienveillance, de dévouement, ou simplement une partie de son travail pour obtenir un bon pourboire. Il y avait une certaine expérience dans la fermeté de sa prise, mais aussi dans sa patience. Elle ne voulait pas que j'abandonne, mais plutôt que je fasse preuve de résilience. Elle cherchait à me montrer que j'étais capable de surmonter cet obstacle.
Face à ma déception concernant une montée lente et tardive, un compagnon du groupe âgé de 70 ans m'a confié qu'à son âge actuel, il n'est plus aussi vaillant et rapide. Ainsi, il fait avec ce qu'il a. Il a souligné l'idée que nous faisons de notre mieux avec les ressources dont nous disposons. Nous devons composer avec notre corps dans son état actuel, en tenant compte du contexte dans lequel nous nous trouvons. Lorsque nous évoluons dans un environnement étranger, notre connaissance est souvent limitée, voire primitive. En conséquence, il est essentiel d'apprendre à composer humblement avec ce que nous avons et de manifester notre gratitude envers les guides qui nous accompagnent, partageant avec nous leurs connaissances et leur amour pour leur terre.
Main forte, main réconfortante, main marquée par la sagesse des volcans, je vous adresse mes salutations.