Réflexion #3 d’une randonneuse - [Les gros]

Je trouve que c’est souvent à travers le regard des autres que mon corps devient corpulent et inadéquat pour la montagne. C’est également à travers les autres que je constate que je suis à la traîne et moins efficace dans les dénivelés ou lorsqu’il faut sauter de roche en roche, pour éviter de tomber dans l’eau. Il y a aussi les vêtements de plein air qui sont difficiles à trouver pour les tailles fortes, ce qui me donne toujours l’impression d’être dépareillée, une tache dans le paysage, par manque de conformité. Le plus souvent, j’évite les regards parce qu’ils me font sentir à la fois disgracieuse et inapte. Mais, parfois, je croise celui d’une personne qui me ressemble, en corps et en soi-disant inaptitude. D’un simple regard, on salue nos efforts et on valide notre présence. Quand cela se produit, je prends une pause à seule fin d’être reconnaissante pour ce moment d'humanité commune, c’est quelque chose que j’ai observé lors de mes randonnées partout à travers le monde - la solidarité des opulents. Pendant ma pause, je bois consciemment de l’eau, c’est pour moi une façon d’incarner ce cadeau. Puis après, je reprends mon chemin avec détermination et la profonde conviction que chacun a son rythme, chacun a son poids sur les épaules, Gazelle ou éléphants, et que tous les chemins mènent à Rome. 


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