Réflexion #1 d’une randonneuse - [La boue]
Ils m'ont porté de l'école à la guerre
J'ai traversé sur mes souliers ferrés
Le monde et sa misère - Félix Leclerc.
Quand Giang (qui signifie rivière en vietnamien) nous a suggéré de retirer nos bottes de randonnée pour la traversée, j’ai hésité à enfiler les sandales de plastique blanches, certains ont même refusé de le faire. J’ai finalement accepté parce que je voulais me prêter à l’expérience, comme une locale, car la plupart des villageois que nous avons croisés dans les rizières portaient les mêmes sandales blanches. Giang a eu raison de vouloir protéger nos bottes, car les sentiers étaient affreusement boueux. La boue était dense et profonde. D’ailleurs, comme dans un sable mouvant, je suis restée coincée à quelques reprises. Une fois arrivée à destination, j’ai regardé les bottes de ceux et celles qui avaient refusé de les retirer, et j’ai trouvé la boue accumulée sur celles-ci incroyablement captivante. Elle était la seule et unique preuve de notre traversée, parce que personne n'avait pris de photo, en raison des conditions défavorables. Les sandales n’ont pas toujours été une option pendant mon séjour, car certains secteurs étaient beaucoup plus abrupts que d’autres. J’ai donc moi aussi accumulé de la boue sur mes bottes, et, malgré mes efforts, je n’ai jamais eu l’occasion de les laver pendant le voyage. Assise dans le vol de retour - je portais fièrement mes bottes recouvertes de boue séchée. Les rizières du Vietnam avaient laissé leur trace dans mon cœur, mais également sur mes bottes.